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Randonnée entre Pradelles et Arlempdes sur les pas de deux volcanologues du Siècle des lumières

Des « Sçavans » volcanologues au Siècle des lumières

Cette randonnée entre deux villages au riche passé historique se déroule sur le plateau volcanique de l'ancien Haut-Vivarais.

C'est en 1778 que Barthélémy Faujas de Saint Fond publia son ouvrage « Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay » et, en 1779, le « Journal des sçavans » écrivait (avec l'orthographe de l'époque) : « rien n'est aussi intéressant que Montlor, la Farre, Goudet, le Calvaire de Coucourou, Saint-Paul de Tartas, la Fayette, Monchaud, l'Hermitage de Pradelles, la Fagette, les Ufernès, la Monteyre, Ribens, Landos, Moutelle, Saint-Arcon, Barges, le Villard, Coulon, etc. »

En appendice à son œuvre, Faujas de Saint-Fond publiait six lettres que lui avait adressé, « l'Abbé de Mortesagne », Cet abbé était Gui Boutavin de Mortesagne, né à Pradelles en 1714, décédé en 1796. Il était le jeune frère de Jean-Baptiste Boutavin de Mortesagne, né en 1711 et décédé en 1802, qui fut curé de Pradelles de 1734 à 1802. C'est avec les descriptions de cet abbé et avec quelques textes écrits par ses contemporains que nous allons commenter les étapes de notre promenade.

Le texte des lettres de l'Abbé de Mortesagne est disponible sur le site internet de l'Université de Starsbourg, à l'adresse suivante : http://imgbase-scd-ulp.u-strasbg.fr/displayimage.php?album=371&pos=409

En 1781, Jean-Louis Giraud-Soulavie (vicaire d'Antraigues, géographe, géologue et volcanologue), nous présente ainsi Pradelles et l'abbé de Mortesagne dans son « Histoire Naturelle de la France Méridionale » :

« Pradelles est la patrie de M. l'abbé de Mortesagne, Auteur d'une suite de lettres très ingénieuses sur les volcans du Vivarais, insérées dans l'ouvrage de M. Faujas sur les volcans du Vivarais et du Velay. J'ai vu avec douleur plusieurs personnes dans cette ville s'essayer à tourner en ridicule les travaux de ce Savant ; on sait que c'est le fort des habitants des petites villes de province, qui ne jouissent pas encore des lumières dont toute la France sera bientôt éclairée : ils ne peuvent tolérer qu'on dévoile les mystères de la Nature, ils semblent se plaire dans leur ignorance, et sont pleins de jalousie et d'amour propre, au lieu d'être animés de cette fière émulation qui est l'aiguillon des véritables savants. Bien élevés au dessus de leurs cris, ceux-ci ne permettent jamais que les rumeurs de ces oisifs parviennent jusqu'à eux ; et telle a été la conduite sans doute de l'ingénieux abbé de Mortesagne, qui a décrit avec le plus grand intérêt l'histoire physique de sa patrie. »

Première étape : de Pradelles au sommet du Mont Tartas

Au mois d'août 1775, Antoine de Gensanne, inspecteur général des mines du Languedoc et l'Abbé de Mortesagne se rendirent au sommet du Mont Tartas afin de contempler le paysage et, surtout, de se rendre compte de l'étendue des phénomènes volcaniques. On était, à cette époque dans les premiers balbutiements de la volcanologie comme de la géologie.

Ces deux savants ont laissé, chacun de son côté, un compte rendu de cette excursion :

  • Celui d'Antoine de Gensanne figure dans son « Histoire naturelle de la province du Languedoc », publiée en 1780. Le voici en entier, et avec l'orthographe de l'époque :

Le territoire de Pradelles est plus élevé ; il est couvert de laves, & les pozzolanes y seroient d'un très-bon produit, si le climat y étoit plus tempéré ; mais les étés y sont si courts que les récoltes peuvent à peine y mûrir. Nous y avons vu les orges tous verds à la mi-Septembre.

Mr. l'Abbé de Mortesagne, ancien Professeur de Physique à l'Université de Montpellier, nous y a fait voir trois bouches principales de volcan, situées dans le terroir de Pradelles, à demi-lieue de distance les unes des autres. Ces volcans ont fourni la matière des colonnes de Basalte qu'on remarque le long de l'Alier, depuis Pradelles ou la Jonchere jusqu'à Monistrol ; & ce qu'il y a de singulier, c'est que les noms de ces bouches conservent des étymologies latines ; la plus forte se nomme dans le pays, lou Mount tartas, c'est- à-dire Mons tartari ; la seconde porte le nom des Ufernels ou infernels (inferni) ; & la troisième celui de Mouns caou (Mons calidus) ; nous en avons observé deux autres, en nous repliant de Pradelles vers la Chavade, au sommet de la montagne du Mayres, & qui ont formé les laves qu'on trouve à Bannes, dont on a judicieusement profité pour la construction des ponts qu'on a établis le long de la côte de Mayres, sur la route qu'on y pratique.

  • Celui de l'Abbé de Mortesagne est contenu dans la lettre qu'il envoya le 15 juillet 1776 à son ami, Barthélémy Faujas de Saint Fond. En voici le début :

Tartas est un pic isolé et entièrement formé de laves ; son sommet qui est tout ce qu'il y a de plus élevé dans le centre du haut Vivarais, est presque toujours couvert de brouillards ou de neiges. C'est sur cet observatoire que je me suis guindé avec M. de Genssane, au mois d'août dernier. Croyez, Monsieur, que les ardeurs de la canicule qui vous brulaient à Montélimar, ne nous incommodaient guère ici. Je puis vous assurer au contraire qu'un vent du nord très froid, qui s'y faisait sentir, nous permit à peine d'y rester une heure entière.

Ce court espace de temps fut employé à parcourir les régions adjacentes.

...

Leurs deux récits permettent, aujourd'hui, de se mettre dans les pas de ces deux scientifiques qui, parmi les premiers tentaient de déchiffrer dans le paysage les signes de l'activité volcanique.

Départ

Pour de raisons historiques, le départ de cette randonnée se situe place de la halle, à Pradelles, devant le bâtiment qu'on appelle aujourd'hui « le château » et qui était, au XVIIIème siècle le logement des prêtres de Pradelles, ainsi que la demeure de la famille « Boutavin de Mortesagne ». C'est donc très probablement dans ce bel immeuble que résidait Gui de Mortesagne pendant qu'il rédigea ses lettres.

On partira alors vers le haut, en passant devant les vestiges de l'ancien grand portail de la cité de Pradelles, puis en traversant la route nationale 88.

Cette route nationale n'existait pas en 1775, et c'est par la route royale, qui porte aujourd'hui le nom de « rue Haute » (partant à l'angle de l'agence de la Caisse d'Epargne), que l'abbé et son hôte prirent la direction de Saint-Paul-de-Tartas.

En parcourant la rue Haute, on remarque que les maisons situées du côté droit portent des dates de construction postérieures de quelques années au passage des deux scientifiques, mais qu'une d'entre elles était déjà là en 1775. La rue était alors « hors des murs » de la ville fortifiée de Pradelles.

Après la rue Haute, l'itinéraire emprunte la rue Jean Baudoin et sort du bourg de Pradelles. Après la menuiserie, l'ancienne route royale (balisage rouge et blanc du GR 700) oblique sur la gauche, mais le chemin de Saint-Paul-de-Tartas, lui, continue tout droit, face à la pente. Près de la salaison et du restaurant du Panorama, on laisse sur la droite le chemin de « la Vié des chars » et on continue à monter en direction du lieudit « Belle-Aire » (orthographié à tort « Bel Air ») où se trouve le restaurant « Aux Légendes ». Il existe, dans le sud du massif central, bien des cols qui portent le nom de « Bel-Air », quoique la qualité de l'air qu'on y respire ne soit pas plus esthétique qu'ailleurs. Il s'agit, en fait d'anciennes aires d'arrêt des troupeaux transhumants, où bergers et brebis pouvaient passer la nuit avant de reprendre leur trajet.

Arrivé face au restaurant, il faut franchir la route nationale 102 et prendre le chemin qui passe sur la droite du bâtiment. On rejoint quelques centaines de mètres plus loin un chemin goudronné qu'on suit sur quelques mètres.

L'ancienne route de Pradelles à Saint-Paul-de-Tartas se sépare du chemin goudronné et descend entre bois et prairies. La forêt de Montchamp (le Mouns Caou dont parle Antoine de Gensanne) s'étend sur la crête à gauche de notre itinéraire.

Le chemin contourne par la droite la montagne de Rochefourchade et rejoint une petite route goudronnée qui relie Saint-Paul-de-Tartas au hameau de La Vilette. On prend alors sur la gauche la route qui monte jusqu'à Saint-Paul-de-Tartas. C'est sur cette portion du trajet que se déroula, en février 1776, un événement dramatique dont l'abbé nous a laissé le récit :

« ... au mois de février dernier, des mendiants rassemblés de divers endroits, étant venus recevoir à Saint-Paul-de-Tartas une aumône qui devait s'y faire, on laissa languir ces malheureux sans feu et sans aliments dans une grange, jusques vers les quatre heures du soir. La distribution faite ils se retiraient chez eux à travers les neiges ; le temps était calme ; mais à peine furent-ils à 500 pas du village, qu'un vent marin furieux venant à souffler, ils se virent investis de poussière de neige. Les plus robustes échappèrent, mais huit d'entre eux périrent misérablement. Le bruit de ce triste événement s'étant répandu quelques heures après dans Pradelles, qui n'est qu'à demi-lieue de l'endroit où il venait de se passer, un pauvre habitant de la ville craignit pour son fils âgé seulement de douze ans, qu'il savait être allé participer à la distribution. Le temps était horrible, mais cela n'empêcha pas qu'il n'alla seul sur le minuit, un brandon de paille à la main, le chercher dans les neiges. Il l'y trouva étendu mort et gelé, peu s'en fallut qu'il n'y restât lui-même, mais enfin il eut assez de force pour charger ce cadavre sur ses épaules et venir le jeter brusquement aux pieds de sa femme en lui disant : « Voici ton fils ». »

Arrivé à Saint-Paul de Tartas, on se rend sur la place de l'église, Saint-Paul-de-Tartas est un bourg rural regroupé autour de son église romane, construite en 1095 par le Prieuré de La Chaise-Dieu. L'édifice est à chevet plat ajouré d'une haute fenêtre à double ébrasement, au-dessus de laquelle se trouve un oculus également à double ébrasement. Devant l'église, dans le mur de l'ancien cimetière, on peut voir un enfeu, datant du XIIIème siècle, composé d'un enfoncement avec un arc en cintre brisé soutenu par deux colonnettes.

Durant les guerres de religion, le village fut incendié par les troupes de Huguenot "Charles de Barjac". A sa reconstruction en 1647, l'église sera dotée d'un clocher à peigne.

Les maisons de Saint-Paul-de-Tartas sont construites en pierres noires de basalte massif dont l'abbé nous apprend qu'il était désigné par les habitants sous le nom de « Peyre Farrau », dont il nous précise que « ce mot vulgaire équivaut à celui de pierre ferrée ou pierre de fer ». C'est probablement la dureté de la roche, et, peut-être son altération en argile de couleur rouille qui l'avait fait comparer ainsi au fer.

Depuis la place de l'église, on suit le balisage du PR « Du Mont Tartas à la Méjeanne » qui mène au sommet du Mont Tartas.

Arrivée au sommet du Mont Tartas

Le sommet est marqué par une grande croix métallique et par une table d'orientation qui permet de vérifier que l'essentiel du panorama décrit en 1775 est toujours présent :

Tout élevés que nous étions, notre vue était bornée par des montagnes encore plus élevées, mais leur croupe allongée formait une enceinte si vaste, qu'en quatre quarts de conversion notre œil avait parcouru un horizon de soixante lieues de tour. C'est ainsi du moins que nous le déterminâmes ; et si jamais vous venez ici, comme je l'espère, il faudra bien que vous conveniez qu'il n'y a pas lieu d'en rabattre. Tournez à l'orient, six montagnes qui courent de l'est au nord, se présentent à vous, elles ont chacune leur nom particulier, savoir, le Suc-de-Bozon, Tourtes, le Gerbier-de-Joncs, Cubestoirades, Cherche-Mus et Mézenc. J'ai dit plus haut que cette dernière a plus de 700 toises d'élévation sur le niveau du Rhône, autant que je le présume, car mes occupations ne m'ont pas permis d'aller la visiter ; j'ajoute qu'on m'a assuré qu'elle est couverte de laves ; le Gerbier-de-Joncs, le Suc-de-Bozon et Cherche-Mus, ont été formés en tout ou en grande partie par les volcans.

Après le Mézenc, qui est la dernière et la plus haute montagne en tirant au nord-est, l'horizon s'ouvre considérablement, et la vue va se perdre sous le ciel du Viennois ; elle rencontre au nord les montagnes du Forez, qui guère moins élevées et plus distantes que le Mézenc, forment à ce qu'il paraît une chaîne droite, uniforme et non interrompue.

La basse Auvergne se présente à l'ouest ; on y distingue derrière des montagnes qui bordent le Velay et dont j'ignore le nom, le Puy-de-Dôme qui porte sa tête brulée dans les nues.

Le Cantal, la Margeride qui appartiennent à la haute Auvergne, et Aubrac qui est du Rouergue, terminent l'horizon au sud-ouest, et ce qu'on appelle le Palais-du-Roi fait la même fonction au midi.

Ce prétendu palais qui n'est, je vous assure, rien moins qu'une habitation propre à fixer le séjour des souverains, est un haut et vaste désert du Gévaudan, couvert de neige les trois quarts de l'année, et presque battu en tout temps des froids aquilons ; son aride pelouse est parsemée en divers endroits de gros quartiers de roc primitif, qui se trouvent là je ne sais trop comment, à moins que les volcans voisins ne les y aient porté de volée, et je comprends encore moins comment on a pu se déterminer à bâtir , dans un lieu si froid et si stérile, la petite place de Châteauneuf-de-Randon. C'est cette misérable bicoque que l'illustre Duguesclin vint assiéger en 1445, et devant laquelle il mourut.

La Lauzère, montagne très haute, de sept lieues de longueur, et qui suit dans le Languedoc, borne la vue au sud-est. Enfin, à l'aide des hauteurs de Saint-Étienne-de-Lugdarès les plus rapprochées de toutes, je viens rejoindre à l'orient le Suc-de-Bozon d'où j'étais parti. »

Deuxième étape : du sommet du Mont Tartas à Saint-Arcons-de-Barges

Du sommet du Mont Tartas, en suivant toujours le balisage du PR, on se dirige vers le bois de la Roussille, puis vers le lieudit « la Maison Rouge », d'où on emprunte la petite route goudronnée qui mène vers Mortesagne et Saint-Arcons-de-Barges. A l'embranchement, on prend le chemin de Mortesagne.

C'est entre Saint-Arcons et Pradelles que se situe un autre fait divers tragique raconté par l'abbé :

« Un chaudronnier de Pradelles était allé tenir un enfant en baptême à Saint Arcons ; grande fête à la fin de la cérémonie, le vin surtout ne fut pas épargné, le parrain en but trop, et se fiant sur la bonté de son cheval, il s'obstina, quelques remontrances qu'on pût lui faire, à se mettre en chemin à l'entrée de la nuit pour revenir chez lui ; tout était couvert de neige ; et il faisait froid excessif ; pour comble d'infortune le vent s'éleva et notre homme périt. Deux jours après des gens qui le cherchaient aperçurent de loin un cheval immobile sur une éminence, ils accourent et le voient retenu par la bride passée à deux tours dans le bras d'un cadavre enfoncé dans la neige ; ils veulent s'en saisir, le cheval s'effarouche, rompt la bride et fuit au galop à travers champs ; on s'éloigne à dessein, la pauvre bête ne tarde pas à revenir à son premier poste où elle se laissa prendre sans résistance. On admira encore moins l'exemple d'attachement et de fidélité qu'elle donnait à son maître, qu'on ne fut surpris qu'elle eût pu subsister deux fois vingt-quatre heures sans boire ni manger, en plein air au milieu des vents, des neiges et des glaces d'un pays aussi froid que le Canada. »

Au dessus du bourg de Saint-Arcons-de-Barges, se trouvent les deux villages de Mortesagne-Haut et Mortesagne-Bas, dont les premières traces écrites datent de 1281 (Morta Saigna Superior et Morta Sagna Inferior) . Le 10 mars 1435, Jean Gazelle et son fils « noble Jean » reçurent de leur suzerain, l'autorisation d'élever une tour à leur forteresse de « Mortesaigne ».

A partir de 1630, la seigneurie de Mortesagne appartient à une branche de la famille Boutavin, habitant à Pradelles. Deux curés de Pradelles sont connus dans cette famille :

  • En 1660 et en 1672, on trouve un « Antoine Boutavin, docteur en théologie, curé de Pradelles et prieur de Saint-Pierre-de-Jonchères »
  • De 1734 à 1802, c'est Jean-Baptiste Boutavin de Mortesagne, le frère de Gui Boutavin de Mortesagne qui occupe ce poste.

On traverse Mortesagne-haut, puis Mortesagne-bas, et, par un petit chemin ombragé, on descend vers l'église de Saint-Arcons-de-Barges.

Troisième étape : de Saint-Arcons-de-Barges à Arlempdes

Depuis Saint-Arcons-de-Barges, pour rejoindre Arlempdes, le plus simple est d'emprunter, à contre-sens, le sentier PR « Les bois d'Arlempdes », jusqu'à la maison isolée de Ligueyre. On passe ainsi par le Villard et Coulombs, puis près du Suc. On peut aussi, à partir du Villard, emprunter un petit chemin qui descend dans la vallée de la Méjeanne et remonte ensuite vers le hameau du Suc.

Entre Saint-Arcons-de-Barges et le Villard, le sentier passe devant la grotte de la Baume où un petit oratoire dédié à la Vierge de Lourdes a été construit.

A partir de Ligueyres, on prend le chemin en forte pente qui se dirige droit vers Arlempdes et dont l'abbé nous donne cette description : « Pour vous donner une idée des commodités et des agréments que vous offrira cette promenade, si jamais vous la faites, je vous préviens que dans le pays on l'appelle la descente de Déferre Diable. »

Une croix de pierre au bord du chemin, profondément entaillé dans le basalte marque le début de cette descente de Déferre-Diable. L'abbé décrit aussi une méthode qui fut peut-être employée pour tailler ce passage du chemin, à une époque où les explosifs modernes étaient encore inimaginables :

« Voici comment on s'y prend à Arlempdes pour ces sortes d'opérations : on commence par chauffer vivement la portion de roche qu'on veut enlever ; on y répand ensuite de l'eau dessus, dans l'instant la masse pétille à grand bruit, et se gerce à divers sens, il ne faut guère alors que la main pour achever de séparer les éclats ; on réitère l'application du feu et de l'eau, à mesure qu'on veut caver plus avant. »

C'est à partir de ce point que le village d'Arlempdes se dévoile progressivement aux randonneurs, à travers la végétation, en voici la description faite en 1776 :

« L'objet volcanique de nos montagnes, le plus digne à mon gré et de l'attention des physiciens, et de la curiosité des amateurs du spectacle de la nature, est le rocher d'Arlempde. »

« C'est du côté méridional de cette vallée, qu'un effroyable déluge de basalte en fusion vint autrefois se précipiter dans ce vaste gouffre. »

« Le gros des matières qui subsistent aujourd'hui dans le vallon, se trouve de ce côté-ci, et il y a eu assez d'espaces pour bâtir sur ce singulier fondement, la vaste forteresse d'Arlempde, laquelle, outre le château, renferme dans son enceinte l'église paroissiale, le presbytère et neuf ou dix maisons de particuliers. Je crus, la première fois que j'arrivai à Arlempde par la descente dont j'ai parlé, qu'à mesure que j'y mettrais le pied je pourrai plonger la main dans la Loire, il fallut bien changer d'idée lorsque, avançant la tête au-delà du parapet qui borde l'aire du château, je me vis suspendu sur un horrible précipice, au bas duquel la Loire roule ses eaux avec un murmure sourd que j'entendais à peine. »

« On n'a pas été chercher ailleurs que sur ce rocher la quantité immense de matériaux qu'il a fallu pour la construction des édifices dont il est chargé ; (….) le rocher est bordé dans son parcours très irrégulier, ou de grands corps de logis, ou d'un mur qui est flanqué d'espace en espace de tours assez élevées : il ne subsiste aujourd'hui des anciens bâtiments qu'un reste de murailles qui croulent de toute part ; le rocher lui-même tombe visiblement en ruine (…) de sorte qu'il est à craindre qu'un côté entier de cette lourde masse ne s'abîme tôt ou tard dans le précipice; lorsqu'elle le fera, la chapelle du château et deux tours iront de compagnie avec elle dans la Loire. »

Malgré les prédictions pessimistes de l'abbé, deux siècles plus tard, le pan de rocher est toujours là, et le château, loin de finir de s'écrouler, est restauré avec patience.

« Si je fus saisi à cet aspect imprévu, ma surprise redoubla lorsque levant les yeux et regardant à ma gauche, j'aperçus le rocher du Duc dont j'ignorais profondément l'existence ; je demeurai, je l'avoue, muet d'étonnement en voyant devant moi, de l'autre côté de la rivière, un immense rideau de laves (…) ; j'avais peine à en croire à mes yeux, et plus je considérais, moins je pouvais comprendre comment il se trouvait là. »

Le fleuve Loire qui coule au pied du piton rocheux d'Arlempdes est ainsi décrit :

« Il prend sa source au Gerbier-de-Jonc ; c'est un pic isolé, peu distant du Mézenc qu'il égale presque en hauteur et qui est tout formé de laves et de rochers calcinés.(....) Tantôt guindé sur les hauteurs, tantôt rampant le long des revers, quelquefois marchants au bord de l'eau, je ne pouvais me lasser de contempler la profondeur étonnante du lit de cette rivière. »

Pour parfaire la description d'Arlempdes, voici un texte écrit, un siècle plus tard, en 1880, par le docteur Bailly, médecin accoucheur parisien qui avait entrepris « trois semaines d'excursions en Velay et Vivarais » (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k103391d/f2) :

« Le ravin de la Loire, profond à cet endroit de 400 à 500 mètres, a été comblé autrefois par les laves descendues des cratères voisins. C'était, comme vous le voyez, une digue puissante et un sérieux barrage ; cependant, avec l'aide de siècles dont il est impossible de supputer le nombre, la Loire s'est creusée, dans cette masse, une tranchée bordée par deux falaises, dont l'une, celle de gauche, porte les ruines d'une des plus hautaines forteresses dont notre pays ait conservé les restes. Des tours massives, que relient des courtines fortement ébréchées, couronnent le rocher d'une enceinte démantelée, mais encore menaçante. Le village se presse au pied de ce vieux donjon, comme pour lui demander protection ; le clocher de l'église n'apparaît que comme une toute petite aiguille auprès de la masse colossale qui le domine; dans la direction du nord-ouest, on voit fuir la vallée sinueuse de la Loire, avec ses escarpements noircis par le basalte ou les sapins. Ils sont superbes de sauvagerie et de grandeur, ces bords de Loire, auprès d'Arlempdes, et, en même temps, captivants au dernier point. »

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